Voici des mythes courants en lien avec le bilinguisme et les difficultés de langage.
Mythe 1
Le bilinguisme cause des difficultés liées au développement du langage
On pourrait penser que le développement langagier bilingue est plus difficile que celui d’un enfant unilingue. Toutefois, les études démontrent que les enfants bilingues suivent un développement langagier semblable à celui des enfants qui ne parlent qu’une seule langue.
Il est possible que l’enfant ait un vocabulaire plus limité dans chaque langue individuellement. C’est pourquoi, lorsqu’elle évalue le langage d’un enfant bilingue, l’orthophoniste tient compte de ses compétences dans toutes ses langues. Cela lui permet d’obtenir un aperçu du vocabulaire total, c’est-à-dire des mots connus dans l’ensemble des langues parlées par l’enfant. Par exemple, si un enfant bilingue anglais-français utilise le mot « apple » et le mot « pomme », on considère qu’il connaît deux mots, même s’ils désignent le même objet.
Lors de son évaluation, l’orthophoniste prend également en compte d’autres facteurs importants, comme l’âge d’exposition à la langue seconde, la quantité d’exposition aux deux langues et les contextes dans lesquels les langues sont utilisées. Enfin, les enfants bilingues ne présentent pas davantage de troubles développementaux du langage, de dyslexie-dysorthographie ni de troubles d’apprentissage que les enfants unilingues.
Mythe 2
Un enfant qui mélange deux langues quand il parle est confus et doit apprendre à les séparer
En réalité, les enfants bilingues ou multilingues font souvent du code-switching, soit de mélanger des langues en s’exprimant. Cela est tout à fait normal et fait partie du processus d’acquisition des langues.
Le code-switching n’indique pas un retard ni une confusion. Il montre simplement que l’enfant utilise toutes les ressources langagières dont il dispose pour communiquer efficacement. Les enfants bilingues possèdent en fait une grande flexibilité cognitive, soit une capacité remarquable à gérer plusieurs systèmes de langues en même temps.
Ainsi, même s’ils peuvent mélanger des mots ou des structures de phrases en s’exprimant, les enfants bilingues finissent par maîtriser chaque langue séparément. Cela ne signifie pas que le code-switching disparaît : il reste fréquent, même chez les adultes, selon le contexte et les interlocuteurs. Par exemple, il est tout à fait approprié de mélanger les langues lorsque l’autre personne comprend les deux.
Mythe 3
Dans une famille bilingue, il est recommandé qu’un parent parle une langue et l’autre une autre
Les familles bilingues sont souvent confrontées au mythe que chaque parent devrait parler une langue différente à l’enfant, afin de favoriser l’apprentissage des deux langues et éviter les confusions chez l’enfant. Or, il est tout à fait normal qu’un enfant bilingue mélange deux langues quand il s’exprime, et cela ne reflète pas une confusion.
En imposant un système trop rigide de séparation des langues, on risque plutôt de réduire la qualité et la quantité des modèles linguistiques offerts à l’enfant. Par exemple, un parent assigné à une langue qu’il maîtrise moins bien risque d’utiliser des termes moins précis, des phrases moins élaborées et d’être moins naturel en conversation.
Ce qui compte vraiment, c’est que l’enfant soit régulièrement exposé aux deux langues, peu importe qui les parle. L’environnement linguistique sera alors plus riche en interactions langagières à la maison, et ce, peu importe la langue utilisée. Souvenez-vous, il n’existe pas de méthode unique qui fonctionne pour chaque famille, et le plus important est la constance et la qualité des échanges.
Mythe 4
Pour favoriser la réussite scolaire de l’enfant en français, il faut parler uniquement français à la maison
Beaucoup pensent qu’il faut parler seulement français à la maison pour favoriser la réussite scolaire de l’enfant. Mais en réalité, c’est la maitrise de la langue maternelle qui est le meilleur prédicteur de réussite scolaire. En effet, c’est le fait d’avoir une bonne base dans cette première langue qui aidera l’enfant à mieux comprendre et apprendre le français plus facilement par la suite. Un enfant bilingue peut donc rencontrer des difficultés si l’une de ses langues n’est pas suffisamment soutenue dans son environnement.
Si la langue maternelle est négligée, l’enfant risque d’éprouver des difficultés à bien la comprendre et à l’utiliser, ce qui peut aussi nuire à son développement langagier global. On parle alors de bilinguisme soustractif, c’est-à-dire quand l’acquisition d’une langue seconde se fait au détriment de la première. À l’inverse, un bilinguisme équilibré — où les deux langues sont soutenues — renforce les compétences linguistiques, cognitives et scolaires. Une langue maternelle bien ancrée devient une base solide pour l’apprentissage des autres langues et autres apprentissages scolaires.
En résumé
Le bilinguisme ne cause pas de troubles du langage. Il représente plutôt un atout pour le développement cognitif et la communication.
Pour soutenir un enfant bilingue, il est important de valoriser toutes ses langues, de multiplier les échanges et de maintenir un environnement linguistique riche à la maison.
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Auteure de l’article

- Eve-Marie Albert, M. Sc.
- Orthophoniste
- Membre O.O.A.Q. 04978
- Orthophonie de la Capitale







