Il peut être déstabilisant, pour un parent, d’entendre son tout-petit bégayer en répétant des syllabes ou en bloquant sur certains sons.
Faut-il s’inquiéter? Pas nécessairement. Chez les enfants d’âge préscolaire, un bégaiement transitoire peut parfois faire partie du développement normal du langage.
Qu’est-ce que le bégaiement transitoire?
Le bégaiement transitoire chez l’enfant correspond à une période pendant laquelle un jeune enfant présente des disfluidités, c’est-à-dire des interruptions dans le flot de la parole. Voici quelques exemples fréquents :
Répétitions de sons ou de syllabes
« Je-je-je veux du jus. »
« Le le le le chien est là. »
« M-m-maman, regarde ! »
Ce type de disfluidité est le plus fréquent dans les cas de bégaiement transitoire. Les répétitions sont souvent rapides.
Prolongements de sons
« Ssssssserre-moi fort. »
« Jjjjjje veux venir. »
L’enfant « étire » un son plus longtemps que d’habitude. Ces prolongements peuvent être accompagnés d’un effort visible pour faire sortir le son.
Blocages
L’enfant ouvre la bouche pour dire un mot, mais reste silencieux avant de continuer. Par exemple, il veut dire « ballon » mais reste coincé sur le « b » sans produire de son. On observe alors un arrêt complet du flot de parole. L’enfant tente de parler, mais aucun son ne sort, parfois pendant quelques secondes. Il peut aussi y avoir de la tension dans le visage ou un effort visible.
Est-ce normal?
Oui! Ce phénomène est fréquent et touche de nombreux enfants. Le bégaiement transitoire chez l’enfant survient souvent lors de l’explosion syntaxique. À cette étape, l’enfant apprend rapidement de nouvelles structures grammaticales, enrichit son vocabulaire et commence à produire des phrases plus complexes.
Le langage se développe rapidement, mais les capacités à coordonner respiration, voix et mouvements articulatoires ne suivent pas toujours. Cela peut rendre la parole moins fluide pendant un certain temps.
Selon les études, entre 65 % et 80 % des enfants qui présentent un bégaiement transitoire récupéreront naturellement, c’est-à-dire sans intervention spécialisée. Toutefois, certains facteurs peuvent diminuer les chances de cette récupération spontanée.
Facteurs de risque de persistance du bégaiement
Même si la majorité des enfants récupèrent sans aide, certains facteurs peuvent indiquer un risque plus élevé de bégaiement persistant :
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Antécédents familiaux : un parent ou proche ayant un bégaiement persistant.
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Sexe de l’enfant : les filles récupèrent spontanément plus souvent que les garçons.
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Âge d’apparition : un début après 4 ans présente un risque accru.
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Évolution des disfluidités : si les disfluidités augmentent au lieu de diminuer durant la première année.
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Type de disfluidités : les prolongements audibles et les blocages sont plus préoccupants que de simples répétitions.
Il n’est donc pas toujours nécessaire d’agir immédiatement lorsqu’un enfant présente des disfluidités. Si les difficultés de fluidité sont récentes (moins d’un an) et que l’enfant est encore jeune, on peut simplement l’observer avec bienveillance.
Créer un environnement calme et soutenant peut suffire à l’aider à parler plus aisément (voir notre article connexe à ce sujet). Toutefois, si plusieurs facteurs de risque sont présents, il peut être judicieux de consulter une orthophoniste. Une évaluation permettra de mieux comprendre la situation et de déterminer si une intervention est recommandée.
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Liens pertinents
https://naitreetgrandir.com/fr/etape/5-8-ans/langage/begaiement
Auteure de l’article

- Eve-Marie Albert, M. Sc.
- Orthophoniste
- Membre O.O.A.Q. 04604
- Orthophonie de la Capitale